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Les dynamiques hégémoniques dans la culture populaire

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Deux laboratoires (de l’université Paris 8 et de l’université de Lausanne) lancent un appel à communication intitulé : « Les dynamiques hégémoniques dans la culture populaire ». Cette proposition, qui débouchera sur une journée d’étude organisée en octobre 2014 à Paris, a le mérite de nous inviter à tenter de mieux cerner et définir une notion particulièrement vague à propos de laquelle l’appel à communication que nous reproduisons ci-dessous fournit une bibliographie et quelques pistes de réflexion. À la lecture de ce texte, une intuition se fait jour : plutôt que de penser la « culture populaire » au regard d’une opposition entre culture « illégitime » et « légitime » (ou « dominante »), ne s’agit-il pas plutôt de s’interroger sur le rapport entre la « culture populaire » et la notion « d’industrie culturelle ». Pour le dire autrement, le « populaire » est-il toujours « industriel » et soumis à un mode de production de la culture soucieux de diffuser largement et rentabiliser ses productions ? La réponse n’a rien d’évident et elle nous invite dans tous les cas à prendre certaines distances vis-à-vis de certaines théories du « populaire », ou du moins de « l’ordinaire » : Michel de Certeau désignait par exemple celui-ci sur le mode de l’usage, comme un ensemble de procédures se proposant d’employer des produits ou biens culturels issus d’un ordre « dominant ». « Populaire » pouvait alors désigner un mode d’appropriation ; mais un « populaire » entendu comme « une arme aux mains des industries culturelles, à la fois commerciale et idéologique » devrait à l’inverse être entendu comme un genre, un certain type de produits culturels, peut-être conçus à des fins et selon des moyens bien précis. Nous laissons à nos lecteurs (férus par exemple de bande dessinée, de cinéma d’animation ou de tout autre mode d’expression graphique frayant avec le « populaire ») le soin de débrouiller cette intuition (qui nous semble tenir dans cette phrase : « la culture populaire n’est jamais récupérée une fois pour toutes, elle est un processus jamais fini ») avant le 15 mai prochain.

Les dynamiques hégémoniques dans la culture populaire 

La culture populaire reste un concept difficile à définir, notamment parce qu’il n’existe pas de définition non problématique des deux termes qui le compose. Si la culture populaire a un temps été utilisée péjorativement pour (dis)qualifier la culture « de masse », dépréciée, car « marchande » – et si elle continue parfois d’être utilisée dans ce sens –, elle a progressivement gagné une valeur descriptive sans pour autant être précise. La culture populaire se rapporterait à une dimension concernant « les gens » ou « le peuple » à la fois comme public ou marché mais aussi comme sujet. L’apport de Stuart Hall, dans son travail de « déconstruction du “populaire” » (1981), a été de proposer une troisième définition qui « embrasse, pour une période donnée, les formes et les activités qui ont leurs racines dans les conditions sociales et matérielles des classes particulières, et qui se sont incarnées dans les traditions et les pratiques populaires » (Hall 2008 : 123). Avec cette définition, Stuart Hall entendait mettre l’accent sur la « tension continue (de corrélation, d’influence et d’antagonisme) avec la culture dominante » (Ibid.). La culture populaire rend possible la contestation et la subversion comme elle peut consolider l’hégémonie culturelle lorsqu’elle devient l’instrument cynique des industries culturelles. C’est cette tension que nous souhaitons interroger et qui donne son sens au titre de cette journée d’études. Un titre qui peut paraître contradictoire à première vue, étant donné que le caractère mainstream est parfois décrit comme étant intrinsèque à la culture populaire. Pour notre part, nous entendons la mainstreamisation comme la stratégie qu’adoptent les industries culturelles pour neutraliser toute subversion dont la culture populaire se ferait l’écho.

Dans un ouvrage majeur des cultural studies, Dick Hebdige notait que les subculturessont toujours amenées à décevoir nos attentes puisqu’elles sont constamment menacées d’être récupérées par la culture mainstream. Entendue chez Hebdige comme le processus par lequel l’ordre subverti est restauré, la récupération apprivoise et domestique la subversion en se l’appropriant. Elle est une arme aux mains des industries culturelles, à la fois commerciale et idéologique. Pour autant, la culture populaire n’est jamais récupérée une fois pour toutes, elle est un processus jamais fini. À ce titre, elle est à la fois le lieu et l’enjeu d’une lutte pour l’hégémonie. Il s’agira donc d’interroger ensemble les dynamiques hégémoniques et contre-hégémoniques dans la culture populaire (cinéma, musiques populaires, romans, théâtre etc.) et les intérêts contradictoires qui s’y jouent, en considérant la culture dans sa matérialité.

Cette journée d’étude vise à mieux définir la culture populaire, en prenant notamment en compte les différentes dynamiques contemporaines qui ont largement modifié son visage (digitalisation, effondrement de différents marchés liés à des produits). Pour saisir la tension entre la culture populaire et sa récupération, il s’agira de cerner les acteurs de ces deux facettes, tant les sujets du populaire que ceux qui sont à la manœuvre au sein des industries culturelles. C’est grâce à cette meilleure compréhension que l’on sera à même de mesurer les processus hégémoniques et contre-hégémoniques qui sont en jeu dans les cultures populaires.

Journée d’études co-organisée par le LabTop (Paris 8, France) et l’IHES (UNIL, Suisse)

Université Paris 8, jeudi 16 octobre 2014

Les propositions de communication peuvent s’inscrire dans l’une des thématiques suivantes, la liste n’étant pas exhaustive :

  • Culture populaire et culture mainstream
  • Aspects contemporains de la culture mainstream
  • Le(s) sujet(s) de la culture populaire : qui parle ?
  • Acteurs et fonctionnement des industries culturelles
  • Subversion et/ou réification : la pop culture entre empowerment et consentement ?
  • Le populaire est-il soluble dans les industries culturelles ?
  • Problématiques sexe, race et classe dans les industries culturelles

Modalités de soumission 

Les propositions de communication, ne devant pas excéder 3000 signes, doivent être envoyées

avant le 15 mai 2014

aux adresses suivantes :

Elles comprendront le nom de l’auteur.e et son rattachement institutionnel, un titre, un résumé de la communication et quelques références bibliographiques (5 à 10). Merci d’envoyer vos propositions au format word 2004 (.doc).

Les notifications d’acceptation seront adressées aux auteur.e.s au plus tard le 30 mai 2014.

Organisateurs 

  • Keivan Djavadzadeh, LabTop / Université Paris 8
  • Pierre Raboud, IHES / Université de Lausanne

Modalités pratiques d’évaluation des propositions de contribution

Les propositions de contributions seront évaluées et sélectionnées par le comité scientifique composé de Keivan Djavadzadeh (LabTop / Université Paris 8) et Pierre Raboud (IHES / Université de Lausanne)

Références :

  • ADORNO, Theodor et Max HORKHEIMER, La dialectique de la raison, Paris, Gallimard, 1983.
  • BARTHES, Roland, Mythologies, Paris, Éditions du Seuil, 1970.
  • BHABHA, Homi, Les lieux de la culture – Une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007.
  • BUTLER, Judith, Le pouvoir des mots – Politique du performatif, Paris, Éditions Amsterdam, 2004.
  • BUTLER Judith, Ernesto LACLAU et Slavoj ZIZEK, Contingency, Hegemony, Universality. Contemporary Dialogues on the Left, Londres, Verso, 2000.
  • DE CERTEAU, Michel, L’invention du quotidien 1 – Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990.
  • GILBERT, Jeremy et Ewan PEARSON, Discographies, dance music, culture and the politic of sound, Londres, Rootledge, 1999.
  • GLEVAREC, Hervé, Éric MACÉ et Éric MAIGRET, Cultural Studies – Anthologie, Paris, Armand Collin, 2008.
  • GRAMSCI, Antonio, Guerre de mouvement et guerre de position – Textes choisis et présentés par Razmig Keucheyan, Paris, La Fabrique, 2011.
  • GROSSBERG, Lawrence, We gotta get out of this place, New York, Routledge, 1992.
  • HALL, Stuart et Tony JEFFERSON, dir., Resistance through Rituals – Youth subcultures in post-war Britain, Londres, Routledge, 2004.
  • HALL, Stuart, Identités et cultures – Politiques des cultural studies, Paris, Éditions Amsterdam, 2008.
  • HALL, Stuart, Identités et cultures 2 – Politiques des différences, Paris, Éditions Amsterdam, 2013.
  • HEBDIGE, Dick, Sous-culture – Le sens du style, Paris, La Découverte, 2008.
  • LAURETIS (de), Teresa, Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, Paris, La Dispute, 2007.
  • SCOTT, James, La domination et les arts de la résistance, Paris, Amsterdam, 2008.
  • SPIVAK, Gayatri, Les subalternes peuvent-elles parler?, Paris, Amsterdam, 2009.


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